Ari Onassis was a business partner but above all a very good friend of mine for many years until his death in 1975. It was great to know him and fantastic to be involved in his odyssey and contributes to build his empire. There are so many things that are said about Ari and by creating this blog I want to reflect the reality about him to make sure his memory is not stained by gossiping people that don't know anything about him. You can also view my website:

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Monday, October 01, 2007

Onassis - La legende







Avec son formidable appétit de pouvoir et d’argent, avec l’audace d’un seigneur et une absence totale de modestie, Aristote Onassis fut l’un des derniers représentants de cette race d’hommes qui, partis de rien, ont su tout conquérir. Un destin flamboyant qui, il est vrai, eut aussi son revers: cette course éperdue à la puissance devait l’enfermer entre les hauts murs d’une sorte de folie, jusqu’à l’aveuglement, avec la solitude au terme du voyage. Aristote Socrate Onassis naît le 20 janvier1906 dans la colonie grecque de Smyrne, en Asie Mineure – la Turquie actuelle.
Son père est un riche négociant en tabac et l’enfance du petit Aristote coule sans histoire jusqu’en 1922, lorsque les Turcs, dans une subite frénésie de «nettoyage ethnique» – déjà –, entreprennent de massacrer tous les Grecs. Aristote et son père seront évacués de justesse vers Le Pirée. L’enfant a tout de même eu le temps d’assister à la pendaison de trois de ses oncles, tandis que sa tante et un cousin étaient brûlés vifs dans une église.Dans une Grèce pauvre et surpeuplée, les Onassis connaissent une misère noire. Aristote décide alors d’émigrer: il a 16 ans, et le regard qu’il porte sur le monde n’est déjà plus innocent. Ayant opté pour l’Argentine, il ira jusqu’à falsifier son passeport en se vieillissant de six ans pour pouvoir embarquer. Il accoste à Buenos Aires le 21 septembre1923, anonyme parmi le flot continu des immigrés. Pour subsister, il sera d’abord docker, puis télégraphiste de nuit, consacrant ses journées à apprendre l’espagnol et à glaner quelques pesos supplémentaires. C’est dans un rond de fumée bleue que s’élèveront ses premiers rêves de grandeur: il parvient à convaincre le plus grand négociant en cigarettes de Buenos Aires que les Argentins aimeront le tabac blond d’Orient. Et c’est d’abord sans quitter son emploi nocturne, et payé à la commission, qu’il organise ce commerce, avec son père resté au pays. En 1926 enfin, il se lance: il loue une petite boutique appelee Viamonte, trace lui-même, sur la vitrine, en lettres maladroites, «Aristote Onassis, Importateur de tabacs d’Orient», et paie, à la tâche, deux ouvriers chargés de rouler à la main les cigarettes dans l’arrière-salle. L’idée était bonne: en 1929, Onassis pèse déjà 1 million de dollars et mène une existence dorée. Parallèlement à son commerce de tabacs d’Egypte et de Turquie, il exporte à présent vers ces mêmes pays la viande et la laine d’Argentine. Et ce renard qui toute sa vie rusera avec le fisc a déjà établi le siège de ses sociétés argentines en Uruguay, à Montevideo. Les affaires sont si prospères qu’il est rapidement nommé consul général de Grèce sur le Río de la Plata, ce qui lui permettra d’élargir encore le champ de ses relations. Mais Onassis est grec, et l’armateur sommeille en lui: c’est de la mer que lui viendra la fortune! Il est vrai que les frais de transport, considérables, grèvent sérieusement ses revenus. La solution? Convoyer soi-même ses marchandises. C’est en 1931, au plus fort de la grande dépression, qu’il va réussir son premier coup de poker, celui qui, de confortable, fera basculer sa vie dans le fastueux. Il a alors 25 ans et «vaut» 2 millions de dollars lorsqu’il apprend que, sur le Saint-Laurent, six cargos de 10000 tonnes rouillent à quai en attendant un acquéreur. Il les rachète 10000 dollars pièce – le trentième de leur valeur – au moyen d’un crédit bancaire (ce sera là l’un des secrets de sa formidable réussite: n’utiliser que l’argent des autres, ne jamais toucher à son capital).Par une espèce de prescience qui sera le grand trait de génie de sa vie, Onassis a compris, à l’aube de ces années30, que la vraie fortune de demain sera le pétrole, dont les prix ne cessent de grimper. Dès 1935, il commande son premier pétrolier, l’«Ariston», un monstre pour l’époque avec ses 15000 tonnes. Deux autres suivront rapidement, l’«Aristophane» et le «Buenos Aires». C’est parti pour l’ex-petit docker, et désormais plus rien ne pourra l’arrêter. Pas même la guerre. Battant pavillons panaméen ou libérien, ses navires traverseront les hostili-tés sans dommage. Et à la Libération Onassis va réussir un nouveau banco, capital: ayant deviné que les liberty ships, les artisans de la victoire des Alliés à pré-sent désarmés dans les ports, vont être à vendre pour trois fois rien, il s’arrange pour en acheter seize d’un coup! Car même si l’Europe à genoux roule à bicyclette, Onassis croit plus que jamais au pétrole. Il a surtout compris que, bien davantage que les Etats-Unis, le Moyen-Orient sera demain producteur, et qu’il faudra alors transporter tout ce combustible...C’est en 1946 qu’il met en chantier ses cinq premiers pétroliers géants. Le 28 décembre de cette même année, il épouse Tina Livanos, 17 ans, la fille d’un richissime armateur grec, multipliant d’un coup sa fortune par trois. Il a 40 ans et il lui est déjà difficile d’estimer ses biens! Désormais, sur le tapis vert de la mer, les relances de celui que l’on a surnommé «Mister O» seront monumentales. Ainsi, en 1953, il a en chantier vingt-trois nouveaux pétroliers pour une valeur de 130 millions de dollars! Son secret? La vitesse! Pour être rentable, un pétrolier doit être énorme, rapide, et doit tourner sans cesse. Alors, dans un maelström étourdissant, cet homme universel consume sa vie entre téléphone et télex, de Londres à Rotterdam et du Caire à Tokyo, spéculant sur les flux de l’or noir et la durée des traversées, dessinant sur la mappemonde la valse lente de sa colossale fortune.Sa vie, dès lors, se jouera surtout aux accents de la jet-set, dans une frénésie du plaisir par instants pathétique.

A l’image de bien des revanchards de l’existence, rien n’est trop beau pour ce flambeur qui, avec une énergie sidérante et une volonté un peu éperdue, poursuit sa course folle vers on ne sait quelle chimère, jusqu’au vertige. Il possède un yacht somptueux comme un mirage, le «Christina», et une île, Skorpios, qu’il fait rayer des cartes pour se préserver des importuns; il possède une compagnie d’aviation, des propriétés fastueuses aux quatre coins du globe, un building monumental à Manhattan, la moitié de Monte-Carlo, des toîles de maîtres et des bijoux, et des montagnes de dollars. Il possède tout, et plus encore...Il possède tout, certes, mais il lui manque le bonheur. Côté cœur, son mariage avec Tina rompu, il vivra une liaison orageuse avec la Callas avant d’épouser, en 1968, la veuve du président Kennedy, Jackie, la femme la plus adulée et la plus convoitée de la planète. Ce sera peut-être là le plus grand exploit de ce self-made-man qui, pourtant, aura toujours du mal à admettre que son épouse soit célèbre davantage par son mari disparu que par son époux vivant! Onassis a alors passé la soixan-taine, et le battant s’essouffle un peu. Mais il est dit que rien ne sera épargné à cet homme au destin secoué de sombres passions et déchiré par des drames: le 22 janvier 1973, son fils Alexandre, l’être à ses yeux le plus cher au monde, se tue dans un accident d’avion. Onassis est littéralement fou de douleur et, de ce jour, il ne sera plus le même. «Aristote est mort en même temps que son fils, raconte un de ses amis. Après ce n’était plus qu’un cadavre ambulant.» Pourtant cet être de fer ne parlera jamais de son chagrin, qu’il a tant de mal à mas-quer. Parce qu’il va soudain se sentir seul, très seul.Lui qui s’est réalisé sans l’aide de personne, lui qui n’a jamais connu de vraie vie de famille mesure brutalement qu’il est une chose que sa gigantes-que fortune ne lui permet pas d’acquérir: l’affection des siens, la chaleur d’une présence aimée. Alors, peu à peu, cet homme vieillissant va se détacher de ce monde factice auquel il a tant voulu appartenir, il ne parviendra plus à dissiper ce sentiment d’échec, cette amertume en lui, comme un poison, et il s’acheminera avec mélancolie vers la mort en ressassant les souvenirs de sa jeunesse. Atteint d’une maladie rare, et incurable, il s’éteint à Paris le 15 mars1975, âgé de 69 ans seulement. Ses cinquante-six navires brassant plus de 5 millions de tonneaux re-présentent alors un tonnage supérieur à celui de bien des marines nationales dans le monde! Son empire est estimé à 1 milliard de dollars et sa fille Christina, 24 ans, est considérée comme la femme la plus riche du monde. Elle mourra à son tour, à 37 ans, épuisée par une vie de quête incertaine et sans issue. Car pour elle qui a tant aimé son père, aucun homme, jamais, ne parviendra à le lui faire oublier. D’Aristote Onassis, aujourd’hui, ne reste qu’une silhouette un peu courte, un visage lourd barré d’épaisses lunettes d’écaille au-dessus d’un cigare, et l’écho d’un rire un peu vulgaire. De lui ne subsiste que le souvenir flou d’une personnalité fulgurante, et un empire. Et puis un mythe. Surtout un mythe: par lui, à travers lui Aristote Onassis, le petit docker de Buenos Aires grappillant dans le vacarme du port ses premiers pesos est une figure d’éternité.

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